Cap-Vert, suite et fin

« On a cru que vous aviez décidé d’arrêter le blog » … « Vos récits nous manquent… » « A quand un petit article ? »… Déééésolés on a complètement perdu le fil ! La vie à bord de Bossa Nova a été bien mouvementée depuis le dernier article posté : fin du Cap-Vert, traversée de l’Atlantique, repos en Martinique (on ne vous dira pas combien d’heures on dort par nuit depuis un mois, c’est indécent), découverte des îles… Bref, mais nous reprenons du service au détour d’un sympathique petit café-wifi dans la marina du Marin. 

Voici donc le dernier épisode des aventures capverdiennes de Bossa, et la suite arrive bientôt !

Du 22 Novembre au 4 décembre

6h30, le soleil émerge lentement derrière les montagnes de São Vicente, et Océane aussi. Le spectacle en vaut la peine : le ciel rougeoie intensément tandis que Mindelo dort encore, et Manu aussi.

Après le départ d’Emmanuelle et Bernard, nous passons deux semaines à deux, avant l’arrivée de nos moussaillonnes Honorine et Cécile. Nous espérons qu’elles pourront nous rejoindre malgré la énième vague de Covid qui pointe le bout de son nez un peu partout dans le monde.

Nous en profitons, comme la plupart des autres résidents de la marina, pour squatter allègrement le Nautilus Bar en face de celle-ci, pour son wifi et ses délicieuses frites maison (mais surtout pour son wifi). Prendre des nouvelles de nos proches avant la traversée, écrire le blog, gérer certaines formalités administratives qui nous ramènent à notre condition initiale de terriens avant tout. C’est aussi l’occasion de faire nos derniers approvisionnements avant la traversée : le désalinisateur d’eau de mer étant tombé en panne, il nous faut acheter des bidons d’eau potable en quantité suffisante pour 4 marins surmenés pendant environs 15 jours (je vous laisse calculer ?). Les supermarchés du coin sont d’ailleurs remplis de Français qui remplissent des caddies de bidons d’eau de 10L.

Il règne une étrange atmosphère de grand départ, à la marina et alentours. Les Français sont nombreux, on se suit depuis les Canaries, on commence à tous se connaître au moins de vue. Une vague de départs est prévue pour le 2 décembre, la fenêtre météo est bonne. « Rendez-vous de l’autre côté ! » est une phrase que l’on entend de plus en plus souvent ! Quant à nous, nous partirons le 5, Honorine et Cécile arrivant le 4.

Nous quittons la marina de Mindelo pour le mouillage, juste à côté. Nous avions lu toutes sortes de choses sur la baie de Mindelo, venteuse, rouleuse du fait d’une puissante houle pouvant s’engouffrer malgré la digue. La première semaine est calme, plus que calme. Nous sommes posés sur un véritable lac, pas une onde ne vient perturber la surface huileuse de l’eau. Sans vent pour les guider, les bateaux au mouillage agissent de manière désordonnée, pas un seul n’a le nez du même côté. 

Du 25 au 27, nous faisons une petite infidélité à notre cher voilier pour partir explorer l’île voisine, Santo Antão… en ferry. Pas de mouillage bien abrité sur cette île, d’après les dires. On s’offre une escapade à la montagne, deux nuits et des kilomètres de randonnées escarpées dans la luxuriante vallée de Paul. Je dois reconnaître qu’une bonne douche chaude est un sacré luxe que je suis heureuse de savourer dans cette parenthèse terrestre… Depuis notre location, la vue de la vallée est à couper le souffle, et les balades absolument magiques : d’abord dans le cratère volcanique transformé en terres agricoles, puis dans cette vallée vertigineuse terrassée pour y faire pousser café, canne à sucre, bananes, goyaves, papayes, nèfles, ignames, arbres à pain… Et même quelques choux, tomates et carottes. Les habitants sont impressionnants ; alors que Manu et moi sommes en sueur et à bout de souffle et de jambes avec nos chaussures de rando, on se fait doubler par des petits vieux en tongs qui galopent sur les sentiers avec leurs ânes. On apprend qu’ici, les enfants vont au collège en bas de la vallée tous les jours : 3h de marche aller-retour, plus le bus. Le vertige et les courbatures ne semblent pas être des concepts répandus ici.

Vallée de Paul – Santo Antão
Vallée de Paul – Santo Antão
Vallée de Paul – Santo Antão
Fontainhas – Santo Antão

De retour à Mindelo pour une dernière semaine de préparatifs. Manu fait malencontreusement tomber ses lunettes de soleil dans l’eau du port… Et parvient à les récupérer, fieffé plongeur !

Le vent capverdien dont on nous avait tant parlé finit par se lever. Les rafales sont impressionnantes (environ 60, jusqu’à 70kmh) mais l’ancre de Bossa Nova tient bon ! On ne peut pas en dire autant de nous : les bruits de la chaîne qui tape contre son support nous réveillent à chaque rafale, et nous enchaînons 3 nuits difficiles. La chaîne de l’ancre est enroulée autour d’un guindeau, un moteur qui permet de monter et descendre l’ancre. Lorsque nous sommes au mouillage, il faut soulager la pression qui pèse sur ce guindeau afin de le préserver. Nous avons pour cela une main de fer, sorte de gros crochet qui s’accroche à la chaîne et qui est relié à une amarre (grosse corde) au bateau. Les rafales de vent et les mouvements de Bossa sont tellement forts qu’au cours d’une nuit, l’amarre se rompt et la main de fer tombe à l’eau… 

6h30, Océane émerge doucement, Manu dort encore. 4ème nuit de vent sur le mouillage. D’un coup, un grand bruit à l’avant de Bossa Nova, et un choc qui lui secoue les entrailles, et nous avec. On fonce à l’extérieur pour voir ce qui se passe. Un énorme voilier orange en bois est sur nous. On appelle, personne n’est à bord : il est abandonné et s’est décroché de la bouée qui le retenait. Il a percuté le davier (partie en métal par laquelle la chaîne de l’ancre passe) et le balcon (barrière) avant. On essaye de le repousser et de le maintenir à la fois, pour éviter le strike sur les bateaux qui sont derrière nous… Mais quatre petites mains humaines face à 20 tonnes poussées par un vent à 50kmh, c’est peine perdue. Le fugitif suit sa course, touche encore un peu Bossa Nova sur le côté avant d’aller s’emmêler avec le bateau de derrière, qui souffre un peu plus que nous. On fonce sur l’annexe pour essayer de le retenir, mais le moteur est fatigué et décide évidemment de n’en faire qu’à sa tête… On dérive, ça devient un peu dangereux. Par chance, d’autres annexes viennent à la rescousse et parviennent à protéger le catamaran qui était le suivant sur la liste. Des personnes parviennent à grimper sur l’épave et, avec l’aide de quatre annexes, à la diriger vers le fond de la baie. D’ici, ils jettent l’ancre ; le bateau ne bougera plus. La baie de Mindelo est un véritable champs d’épaves. Certaines sont à moitié coulées et ne bougeront plus, d’autres ont encore du potentiel et celle-ci nous aura bien fait peur… ! 

Nous décidons de migrer vers la marina, et d’y rester jusqu’à l’arrivée de nos équipières pour préparer le bateau pour la traversée : révision du moteur, vidange, vérification du gréement, avitaillement, étude des fichiers météo etc. 

Prochain épisode et non des moindres : la traversée de l’océan Atlantique !

2 réflexions sur “Cap-Vert, suite et fin”

  1. Odile van den Broek

    Au top ce journal de bord Cap Verdien.Cela donne envie d’y aller. Nos retrouvailles de l’autre côté approche à grands pas 🤗😺

  2. les photos (et vidéos) sont époustouflantes! Et l’abordage du bateau à la dérive carrément flippant! Mais bon, puisque Captain Manu a retrouvé ses lunettes de soleil: tout est bien qui fini bien! 😉

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