Quelques jours séparent deux équipages, entre le 29 octobre et le 4 novembre. Nous avons dit au revoir aux parents d’Océane et nous apprêtons à recevoir Bernard et Emmanuelle, l’oncle et la tante de Manu. Le bateau est toujours à Los Cristianos, Tenerife. Cette station balnéaire dépourvue de port offre un mouillage étrange, favorable géographiquement et hostile humainement… Les plaisanciers semblent incompatibles avec le tourisme qui est offert ici : plages artificielles du Sahara avec zones de baignade délimitées par des bouées et surveillées. Un chenal permet en théorie d’accoster en annexe, mais en pratique il est interdit d’accès et n’est utilisé que par les écoles de plongée. Nous devons slalomer entre les plongeurs quasi-invisibles (on guette les bulles !), et à l’arrivée les maîtres-nageurs nous disent gentiment que nous ne pouvons pas laisser l’annexe sur la plage (mais où la mettre, demandons-nous ? Ils ne savent pas mais ont “un grand coeur” et nous laissent passer.) Opération lavomatic, on débarque avec nos sacs de linge (1 mois de lessives, pour ne pas changer nos bonnes habitudes) et on essaye de ne pas les tremper d’eau de mer au retour !
Puis nous laissons le bateau afin d’aller retrouver nos amis Jorge et Jara au nord de Tenerife. Cette fois-ci, ils nous font découvrir leur île et leurs endroits favoris ! Comme par exemple l’extraordinaire et surprenant restaurant “El Drago” : une maison comme une autre, sans aucune enseigne pour signaler la présence d’un commerce. Madame cuisine, Monsieur présente les poissons crus que nous choisissons, avec la cuisson : frits ou bouillis, accompagnés de papas arrugadas con mojos (la spécialité locale, des patates à l’eau accompagnées de 2 sauces, rouge et verte).
Ils nous font également découvrir la ville de leur enfance, La Orotava, où Jara habite encore, et le super club sportif où Jorge passe ses weekends et connaît tout le monde. Manu et Jorge en profite pour taper la balle au tennis, puis nous enchainerons avec un super brunch servi par le club.
Le dimanche, nous les amenons sur Bossa Nova pour leur faire découvrir la navigation. Ni l’un ni l’autre n’avait jamais fait de voilier auparavant. Si Jara avait des doutes, elle sera finalement sous le charme de la navigation à la voile !
Il nous est cependant arrivé une petite mésaventure, que Manu va raconter…
Arrivés sur le bateau la nuit tombée, nous décidons de faire une petite baignade nocturne. L’annexe gênant pour accéder à l’échelle de bain, je décide tout en me baignant, de déplacer l’annexe à un autre point d’accroche. J’ai conscience à ce moment-là que je fais un noeud plus qu’approximatif, mais je me dis que je referai le noeud un peu plus tard en remontant à bord. Bien sûr, j’oublie de vérifier l’amarrage et nous partons nous coucher. Le lendemain, je me lève en sursaut : « Mince, l’annexe ! »
Je sors d’un bond, et évidement l’annexe avait fait le mur pendant la nuit. Le vent portant au large, je réalise rapidement que les chances de la retrouver sont très faibles. Mais soudain un voisin de mouillage nous interpelle :
« Vous ne chercheriez pas une annexe ? Il y a des pêcheurs qui sont passés il y a une demi-heure avec une annexe derrière, mais ils sont repartis. »
Damned ! J’ai oublié d’écrire le nouveau nom du bateau sur l’annexe, les pêcheurs n’avaient donc aucune chance de retrouver à qui elle appartient.
« A quoi ressemblait ce bateau ? je demande, sans grand espoir.
– Euh, de mémoire il était rouge. »
Nous levons alors l’ancre immédiatement pour partir à sa recherche. Je me saisis de la radio VHF, je me mets sur canal 16 :
« Euhh barco de pesca rojo con mi inflated boat, do you copy me ? (bateau de pêche rouge avec mon annexe, est-ce que vous me recevez ?)
– Por favor el canal 16 no es para los niños sino para las urgencias ! (S’il vous plait, le canal 16 n’est pas un canal pour les enfants mais pour les urgences.)
– Oops sorry. »
Je laisse tomber la radio. Heureusement, nous finissons par repérer avec nos jumelles (merci Jacques et Nathalie !) un bateau rouge au large. Nous mettons plein gaz pour tenter de le rattraper, et une course poursuite à près de 4,5kts (9 km/h) s’engage alors : ce qui est fast mais pas très furious.
Après 1h de navigation nous les rejoignons enfin :
« Estamos buscando nuestros inflated boat. Una idea ? » (nous cherchons une annexe, vous auriez une idée ?)
Et par magie les pêcheurs sortent alors notre chère annexe du fond de leur cale…
« Vous savez, on l’a retrouvée par hasard entre Tenerife et la Gomera à plus de 30km de votre mouillage…
– Tienes estrellas en el culo ! » s’exclamèrent nos amis Espagnols ! Ce qui pourrait se traduire par « tu as le cul bordé de nouilles » (littéralement « tu as des étoiles dans le cul »).
En réalité, ce n’est pas forcément la première fois que cela m’arrive, je dirais même que c’est un peu l’histoire de ma vie : quelques moments un peu laxistes qui me font vivre des petites sueurs froides… mais qui se terminent heureusement généralement très bien.
Depuis, Océane a écrit BOSSA NOVA au marqueur indélébile sur le boudin de l’annexe !
Nous finirons par une belle journée de navigation avec nos amis et nous déciderons de les inviter à notre bord en Méditerranée l’année prochaine pour une semaine. Le RDV est pris !
Océane et Manu
2 réflexions sur ““Estrellas en el culo” : quand notre annexe part en promenade au clair de lune”
Donc dans ce pays les étoiles s’observent à l’endoscope 🙂
« En réalité, ce n’est pas forcément la première fois que cela m’arrive, je dirais même que c’est un peu l’histoire de ma vie : quelques moments un peu laxistes qui me font vivre des petites sueurs froides… mais qui se terminent heureusement généralement très bien. » C’est comme ça qu’on aime Captain Balek !! D’ailleurs pour que cela se finisse bien il y a toujours un peu de talent 😉 bises !!