11 octobre. Cela fait à peu près trois semaines que le voyage de Bossa Nova est terminé. Je me replonge dans les souvenirs du voyage en parcourant quelques articles passés. Par exemple, il y a un an jour pour jour, nous étions à Lanzarote aux Canaries, en train de vivre notre toute première plongée sous-marine. Dans ma tête, c’était la semaine dernière. Mais il est temps de conclure cette aventure, avec le récit du dernier mois, du 24 août au 20 septembre. Cet article sera donc le dernier, j’espère que vous en profiterez autant que moi.
Virées entre Port-Cros et Porquerolles
Après la Corse et le petit trauma de l’ouragan, il nous restait un petit mois à passer dans le Sud de la France. La traversée entre la Corse, depuis les îles Sanguinaires, et Port-Cros à proximité de Toulon était la dernière « grande » traversée, alors nous avons pris notre temps (35h pour faire 115 milles… C’est le temps que nous avions mis pour aller de Madère aux Canaries). Bon, le vent était un peu paresseux ce jour-là, et puis ça nous arrangeait d’en profiter !
Manu connaissait déjà bien les îles de Port-Cros et Porquerolle pour y avoir déjà navigué. Pour moi, c’était une très belle découverte ! En particulier le mouillage de Port Man à Port-Cros, certes très prisé mais particulièrement charmant.
Puis la folie des visites a repris de plus belle : il fallait bien ça pour digérer le retour en France, un peu perturbant quand même. Chloé et Alban, le frère de Manu, sont venus passer une journée avec nous, puis nous avons accueilli Anne-Maud, Joseph et Quentin (qui aurait dû venir avec nous pour la transatlantique aller), suivis de Eve et Alexandre. Si vous avez suivi la trace de Bossa Nova via DoLink, vous comprenez désormais mieux les multiples allées et venues entre Porquerolles et Saint-Mandrier ! Nous nous offrons une dernière plongée, avec Quentin, à Port-Cros : ces îles étant protégées, la biodiversité sous-marine y est particulièrement riche, et nous avons eu la chance d’observer, entre autres, des mérous et une murène.
Nous avons également eu une très belle surprise en visitant la ville de Toulon (inconnue pour Manu comme pour moi) et son musée de la marine. D’autres visiteuses se sont succédées : mon amie Alice pour une journée, puis l’amie de Manu Clara, qui nous a accompagnés jusqu’à Nice où nous devions retrouver ma sœur Gaëlle (quand je vous dis que le programme était chargé !)
Le bonheur est dans le près
C’est là que le vent a commencé à devenir un peu taquin : nous avons mis trois jours à parcourir 60 milles au près serré (ce qui nous a obligés à tirer de nombreux bords, c’est-à-dire à zigzaguer pour avancer, ce qui double la distance parcourue). Un dicton marin dit : « le près, c’est deux fois la distance, trois fois la durée et quatre fois la peine ». Bref : nous étions ravis d’arriver à Nice !
Nous avons accueilli Gaëlle pour trois jours, entre Antibes, Nice, Villefranche-sur-Mer et Saint-Jean-Cap-Ferrat. Comme pour le reste de ma famille, c’était sa toute première expérience en voilier ! Et comme pour le reste de ma famille, on a eu… DU VEEEEENT, beaucoup de vent. Près serré avec 2 ris dans la grand-voile ou vent arrière à 30-35nds de vent (et des super surfs à 12nds), mouillage qui décroche sous une énorme rafale (bon, ça va, c’était en plein jour)… rien n’a effrayé Gaëlle, concentrée sur l’organisation de la virée Spritz-glace quotidienne. Le séjour est passé trop vite !
Petit répit : le vent tourne à notre avantage et on peut même sortir le spi une dernière fois, pour une régate avec un catamaran (qui s’incline devant le fougueux Bossa Nova). Après un petit stop aux îles de Lérins (très jolies) puis au Lavandou pour passer la journée avec mes grands-parents (fidèles lecteurs, on les embrasse) nous avons rejoint mes parents à Bandol. En toute logique, nous avions encore… du vent, oui. Un gros coup de mistral, c’est-à-dire du vent de Nord très fort dans la région de Marseille, s’annonçait. Nous nous étions promis de ne plus faire naviguer mes parents par plus de 20nds suite aux divers coups de vents subis entre la Guadeloupe et les îles attenantes, mais que voulez-vous, ils semblent attirer l’air. Comme ils adorent ça, je les laisse raconter eux-mêmes leur expérience :
Chef ! Un grand frais s’il vous plait !
Pour la 3ème et dernière fois nous retrouvons Océane et Manu sur Bossa Nova. Nous arrivons à Bandol jeudi 15 septembre. Après une nuit au port, nous voilà partis en direction de Cassis. Fidèles à nos habitudes, nous avons droit à une navigation Rock’n’roll ! Près serré avec rafales à 35 nœuds (environ 65km/h)… Imaginez : la grand-voile réduite au minimum, un tout petit bout de la voile d’avant déroulée, et trois moussaillons en maillot de bain au rappel sur le côté du bateau, pour faire contrepoids pendant que Captain Balek envisage de faire demi-tour et barre du mieux qu’il peut ce pauvre Bossa malmené dans les vagues. Mais le capitaine n’abandonne pas, et nous finissons par arriver au petit port de Cassis [5h pour parcourir… 30km. On a connu plus efficace, mais on s’est bien amusés…] où nous passerons deux nuits à quai le temps que le mistral (à plus de 50nds) se calme ! Glaces, pizzas, Spritz et visite des calanques Port-Pin et Port-Miou nous aideront à supporter cette pause.
Le Mistral étant tombé, nous pouvons repartir dimanche matin direction Marseille, en visitant les calanques au passage. En arrivant nous croisons une régate (et ça démange Bossa d’y prendre part…). Nous mouillons aux îles du Frioul, petit repas et baignade pour les courageux. Le Mistral a fait descendre la température de l’eau de 23 à 15°C ! En fin d’après-midi nous gagnons le port du Frioul, pour une balade et un dernier apéro, puis nous quittons nos navigateurs préférés en prenant clandestinement la navette pour Marseille. Bye bye Bossa, merci pour tout ces bons moments !
Mistral gagnant
Pour le tout dernier trajet de Bossa Nova, du Frioul à Port-Saint-Louis-du-Rhône… Nous abandonnons. Oui, c’est dingue, c’est la seule et unique fois que cela nous arrive de tout le voyage. Refus d’obstacle ? Bateau et son équipage un peu fatigués ? Les conditions sont à peu près les mêmes que pour la navigation Bandol-Cassis avec mes parents : 30-35nds de mistral, au près serré avec les voiles réduites au minimum. Sauf qu’on est que deux à bord, donc impossible de faire contrepoids, et qu’on se fait piéger par des rafales dévalant la falaise de Carry-le-Rouet à l’ouest de Marseille. Nous bataillons péniblement pendant 3h avant de faire demi-tour, et mettons à peine une demi-heure à revenir à notre point de départ (sous génois seul, le bateau glisse tout seul à 7-8 nœuds). On retente le coup le lendemain, cette fois la météo est un peu plus clémente… Et nous voilà à Port-Saint-Louis-du-Rhône, le 20 septembre.
Le reste, c’est beaucoup de bricolage, de nettoyage, de nostalgie et de chagrin… Une aventure comme celle-ci qui se termine, ça n’est pas rien. Bossa Nova est désormais à vendre et nous espérons qu’il continuera à voyager avec ses prochains propriétaires. C’est con, mais on s’attache ! Bossa, pendant près de 14 mois, c’était notre maison, notre moyen de transport mais surtout notre compagnon de voyage à toute épreuve.
En tous cas, on va chérir toute notre vie les souvenirs créés cette année, et on espère que ce voyage ne sera pas le dernier.
Merci à toutes les personnes qui nous ont aidés à préparer le bateau avant de partir, et qui nous ont su nous conseiller avant et pendant le voyage.
Merci à toutes celles et ceux qui nous ont rendu visite sur Bossa Nova Yacht Charter tout au long de l’année.
Merci aux ami-es qui nous accompagnent pour le dur retour à terre et ont la patience d’écouter nos histoires.
Merci à vous, lecteurs et lectrices peu rancuniers des délais entre la réalité et les publications.
Merci Bossa Nova.
1 réflexion sur “Le Sud : Mistral gagnant”
Quelle émotion! J’espère que cette trace numérique restera longtemps lisible sur le web. En plus, j’ai le privilège de presque clôturer puisque mon portrait est la dernière vue « en action » de Bossa…. La soit-disant souffrance affichée sur cette photo est plus que relative, bien que la froideur de l’eau fût bien réelle! Au moment précis de cette photo, je regardais nos navigateurs préférés sur le pont en pensant in petto » ils l’ont fait », alors que il y’ a un an, dans la même situation mais presque 10° de plus dans l’eau à Tenerife, je pensais » et dire qu’ils vont traverser l’océan avec ce petit bateau qui bouge tout le temps…. ». Merci infiniment pour tous ces moments!