Du 28 septembre au 2 octobre, on se retrouve à deux pour visiter la luxuriante et fascinante île de Madère.
28 septembre 2021, nous laissons Toumach à l’aéroport de Madère. Un peu émus de voir son avion s’envoler loin de nous tandis que nous passons à proximité des impressionnants pilotis de la piste de décollage avec Bossa Nova. Direction Funchal, la capitale de Madère. Quelques petites galères logistiques nous attendent avant de pouvoir profiter de l’île : très peu de voitures de location dispo, et aucune place au port. Les marinas de Madère sont toutes très petites et donc complètes, et beaucoup de mouillages sont compliqués : c’est une île volcanique qui tombe à pic, on mouille souvent dans plus de dix mètres de profondeur, et Bossa Nova adore danser et rouler dans tous les sens pour chahuter ses passagers… Faute de place au port de Funchal, nous parvenons tout de même à y remplir nos réservoirs d’eau douce et mouillons à côté du port, un peu dépités. L’ARC (Atlantic Rally for Cruisers) organise chaque année une transat pour environ 300 bateaux. Ce qui explique pourquoi il est si difficile de trouver une place dans les marinas lorsque nous nous retrouvons sur leur parcours au même moment.
Nous visitons la ville de Funchal et notamment son magnifique Jardim Botanico, puis après une nuit bien agitée nous décidons de partir trouver refuge ailleurs, au petit matin du 29. Grâce au groupe Whatsapp (Transat 2021) auquel nous appartenons nous pouvons échanger tous les bons conseils : « Est-ce que ce mouillage est bien abrité ? » « Oui venez nous rejoindre, nous sommes 2, il y a de la place, c’est très calme et on paye l’apéro ! »
Sur les conseils de Didier nous atterrissons donc à Câmara de Lobos, un charmant petit village de pêcheurs qui tire son nom des phoques qui y séjournaient autrefois, avant d’être décimés par les habitants qui convoitaient leur graisse (charmant, n’est-ce pas). L’occasion d’une journée plus tranquille, lors de laquelle nous achetons des fruits au marché local : mangues, fruits de la passion, avocats, petites bananes absolument délicieuses, et un étonnant fruit vert issu du faux philodendron, que l’on ne trouve nulle part ailleurs et dont la saveur évoque l’ananas, la banane et un bonbon acidulé…
Le 30 et le 1er, nous trouvons finalement un véhicule à louer ! Nous confions Bossa aux voisins de mouillage Didier et Pascal et c’est parti pour un tour de l’île en voiture ; montagneuse et escarpée, l’île était autrefois très compliquée à visiter (au moins 4 heures en voiture pour faire le tour, et à dos d’âne pour les zones dépourvues de routes dixit le papa de Manu…). Aujourd’hui une voie rapide et les innombrables tunnels creusés dans la roche volcanique permettent de faire le tour de l’île en 1h30. Bien sûr, notre objectif est de visiter, et il nous faut une journée entière pour ne voir que la moitié ouest ! Les décors défilent et changent d’un instant à l’autre. Tantôt aride, le paysage devient tropical au détour d’une montagne et les bananeraies s’accumulent sur les flancs ensoleillés des falaises. 28°C, un air doux et léger nous invite à la baignade sur les plages de sable noir. Quelques kilomètres plus loin, on pénètre dans une des dernières forêts primaires d’Europe ; les lauriers apportent une fraîcheur et une humidité profonde, et on s’attend à voir surgir un tigre ou un orang-outan au prochain tournant… Au lieu de quoi nous nous retrouvons soudain propulsés en Bretagne, où de puissantes vagues s’écrasent sur la côte escarpée par le temps. 19°C, un ciel gris et une bruine fine, on passe notre tour pour la baignade…
C’est là qu’on comprend le fonctionnement de l’île et de ses multiples météos : à peine 20 km de large, au Nord la pluie, le vent et l’eau douce à volonté, au sud le soleil et la douceur. Entre les deux, des montagnes de 1800m d’altitude. L’humain a joué de patience et d’ingéniosité pour rendre l’île fertile au 15ème siècle en créant des canaux d’irrigation pour amener l’eau du nord vers le sud. Aujourd’hui, on savoure les meilleurs avocats de notre vie (et Océane est contente parce que c’est local !)
On s’offre une belle rando et un petit tour sur les hauteurs de l’île pour observer cette mer de nuages d’un côté, sous nos pieds, et l’absence de vent sur la mer au sud, protégé par la montagne.
Mais il est déjà temps de repartir… Au matin du 2, après une nuit agitée au mouillage (Bossa Nova semblait plus pressé de partir que nous), nous mettons les voiles, direction les Canaries ! La suite au prochain épisode !